Comment as-tu rencontré La tête ailleurs ?
Un peu par hasard, on se suivait mutuellement sur Instagram. En dessin, la ville est mon sujet de prédilection, et je m'étais abonnée parce que j'avais trouvé intéressantes les thématiques urbaines des ouvrages de La tête ailleurs. Un message matinal et quelques rendez-vous plus tard, le livre était sur les rails !
Pourquoi avoir choisi le thème de la nature en ville ? Penses-tu qu’il est important de sensibiliser les enfants à cette thématique ?
Tous les enfants ont connu ou connaîtront un épisode de canicule. Dans le livre, la canicule est posée comme un constat : "il fait chaud". Il s'agit de faire remarquer aux enfants que la nature est essentielle pour vivre avec la chaleur. Outre le thème de la nature en ville, c'est aussi celui de la ville pour tous. La ville doit être accueillante, autant pour les humains que pour les animaux et les végétaux.
Comment s’est fait le choix du moineau comme personnage principal ?
Le moineau fait partie de notre paysage quotidien, et on a tellement l'habitude d'en croiser au détour d'un trottoir ou dans des buissons qu'on ne les remarque même plus. Pourtant, leur population a drastiquement chuté en Île-de-France ces trente dernières années.
J'ai voulu en faire un personnage principal pour, pour une fois, voir la ville à hauteur de moineau !
Une oasis a été illustré aux crayons de couleur. Quelles sont, pour toi, les contraintes et les qualités de cette technique ?
Le crayon de couleur est souvent le premier medium artistique que les enfants utilisent, dès la maternelle. C'est un outil simple, accessible et familier, qu'on a tendance à délaisser en grandissant. Pourtant, on peut en faire de grandes choses ! J'aime les crayons de couleur pour leur imperfection et leur sensibilité. On voit directement dans quelle direction sont les tracés, avec quelle pression... cela crée une proximité entre le lecteur et l'illustration. La contrainte principale de cette technique étant la patience qu'elle requiert. Pas de grand coup de pinceau, il faut y aller trait par trait pour voir la page se remplir.
Comment as-tu choisi ces teintes de couleurs et pourquoi ?
Les couleurs choisies servent à créer des ambiances : orangées et saturées pour une chaleur écrasante, bleutées et légères pour la fraîcheur. Cependant, je ne souhaitais pas opposer de façon manichéenne la chaleur de la ville et la fraîcheur de la friche.
Les scènes "chaudes" ou "froides" ont bien sûr une dominante chromatique, mais j'ai glissé des touches de couleurs froides dans les scènes majoritairement "chaudes", et inversement.
Pour dessiner le paysage urbain, t’es-tu inspirée d’une ville en particulier ? Quels lieux peut-on retrouver dans ce livre jeunesse ?
Je me suis inspirée des décors de la ville de Saint-Ouen-sur-Seine, que je connais bien. On retrouve notamment dans le livre l'artère principale de la ville (l'avenue Gabriel Péri), la médiathèque Persépolis, le Grand Parc des Docks, le jardin partagé rue Anselme... J'ai arpenté ces différents lieux emblématiques de la ville pour constituer une base de référence pour les illustrations, même si je les ai bien sûr adaptés à l'histoire.
Pourquoi le choix de Saint-Ouen-sur-Seine et non une autre ville ?
J'ai travaillé pendant 2 ans comme graphiste et illustratrice pour la Ville de Saint-Ouen-sur-Seine, ce qui m'a permis de m'immerger dans sa vie quotidienne, ses enjeux et de rencontrer des personnes qui l'habitent. C'était ma première expérience en Seine-Saint-Denis, territoire dont j'ai appris à connaître le dynamisme !
La ville recèle également une richesse et une diversité de décors.
Les bâtiments du Vieux Saint-Ouen côtoient les immeubles flambant neufs des Docks, il y a du minéral, du végétal, des Puces en effervescence comme des quartiers très calmes. C'est une ville carrefour, à taille humaine : une grande source d'inspiration.
Tu es illustratrice, mais aussi autrice de ce livre. Une oasis est-il ton premier ouvrage ?
Oui, j'ai eu la chance d'avoir la confiance de Luna, éditrice de La tête ailleurs, qui m'a laissée proposer un texte. Nous avons ensuite travaillé avec toute l'équipe pour améliorer ce premier jet. J'écris de temps en temps pour des vidéos ou des mini-documentaires, mais c'est la première fois que j'écris de la fiction.
Comment la rédaction du texte s’est déroulée pour toi ?
La trame de l'histoire étant plutôt simple, la rédaction a été assez instinctive. J'ai porté mon attention sur la simplicité des phrases, mais aussi et surtout sur leur sonorité.
Propos recueillis par Eva Arca